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LA MÉDAILLE MILITAIRE

Mémoire

Créée par LOUIS NAPOLEON BONAPARTE, alors président de la République Française (décrets des 22 janvier et 29 février 1852), la Médaille Militaire récompense toujours et exclusivement des services militaires. C’est ce qui fait son prestige exceptionnel.

"Il importe qu’une décoration nouvelle n’apparaisse pas comme en état d’infériorité par rapport à la Légion d’Honneur et qu’elle n’entre pas en concurrence avec elle. Il faut qu’un égal prestige les auréole toutes deux sur deux plans bien distincts" déclara-t-il à cette occasion.

Ainsi, son objet était-il bien de récompenser les sous-officiers et soldats. Elle devait témoigner de "tout ce qu’il y a de dévouement, d’abnégation et de patriotisme dans les rangs de l’Armée" (Allocution du Président de la République à la revue des Tuileries, le 21 mars 1852, lors de la remise des premières Médailles Militaires).

Elle n’est pas un Ordre et ne comporte pas de grade. A l’origine, elle assurait une rente viagère de 100 francs-or.

En janvier 2002, la Médaille Militaire aura donc 150 ans.

SA PLACE DANS LES DÉCORATIONS OFFICIELLES FRANÇAISES.

Dès son origine, la Médaille Militaire occupe une place à part.

Elle est aujourd’hui la troisième décoration française dans l’ordre de préséance. Elle se porte immédiatement après l’Ordre de la Légion d’Honneur, créé par Napoléon 1er, et l’Ordre de la Libération, créé par le Général de Gaulle, et devant l’Ordre National du Mérite. Viennent ensuite les différentes croix de guerre (1914-18, 1939-45, TOE) et la Croix de la Valeur militaire.

Outre les sous-officiers et soldats, elle peut être exceptionnellement "conférée" (expression réglementaire employée lors de sa remise officielle) comme récompense suprême aux maréchaux de France et aux généraux et amiraux déjà titulaires de la plus haute dignité dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, la Grand-Croix. Elle se porte alors avant la Croix de la Légion d’Honneur.

Les conditions annuelles de son attribution sont publiées au Bulletin officiel des Armées.

L’ INSIGNE.

La Médaille militaire est incontestablement l’une des plus belles décorations françaises.

Le décret du 29 février 1852 la décrit ainsi :

-Article premier

La Médaille Militaire instituée par l’article 11 du décret du 22 janvier 1852, sera en argent et d’un diamètre de vingt-huit millimètres.

Elle portera d’un côté l’effigie de LOUIS NAPOLEON avec son nom en exergue et de l’autre côté dans l’intérieur du médaillon la devise "Valeur et Discipline". Elle est surmontée d’un aigle.

Article 2

Les militaires et marins qui auront obtenu la Médaille la porteront attachée par un ruban jaune avec un liseré vert sur le côté gauche de la poitrine.

Article 3

La Médaille pourra se porter simultanément avec la Croix de la Légion d’Honneur.

LES DIFFÉRENTS MODÈLES

Le "Prince-Président".

A noter que, dans sa forme et les couleurs de son ruban, le premier type s’inspire de l’Ordre de la Couronne de Fer instauré par Napoléon 1er en 1805. Il s’inspire aussi des insignes des sociétés de vétérans alors en pleine expansion.

Les ailes de l’aigle sont rabattues sur la couronne de lauriers qui forme le diamètre extérieur de la Médaille.

Au revers, la queue empiète sur le médaillon central. Le ruban est plus foncé que jonquille et moins foncé qu’orange avec des bords de couleur vert foncé.

Ce modèle est appelé "Prince-Président". Il est l’objet de toute l’attention des collectionneurs.

Le 2ème type (.1853-1870).

Les ailes de l’aigle sont plus relevées et la queue tangente la bordure d’émail bleu du revers.

Ce modèle a été porté pendant les 17 années du régime de Napoléon III, Empereur des Français

Le ruban prend ses couleurs définitives : jaune et or avec bords vert clair.

Le 3ème type (1870-1873).

En 1870 est instaurée la IIIe République. A l’aigle se substitue un trophée d’armes biface avec : cuirasse, canons, ancre de marine, fusils, hache, sabre, baïonnette. Ce trophée fait corps avec la médaille.
L’effigie de Napoléon III est remplacée par celle de la République sous les traits de la déesse Ceres. Le cercle d’émail bleu porte l’inscription "République Française" et la date de 1870.

Le 4ème type (1873-1878).

La médaille est articulée au trophée d’armes (bélière) par un anneau.

 

Le 5ème type (1878-1910).

La bélière est simplifiée et devient uniface.

Le 6ème type (1910-1950).

L’anneau est remplacé par une charnière d’articulation entre médaille et bélière. C’est le modèle qui a été attribué en plus grand nombre du fait qu’il récompensait les poilus de 1914-18.

Le 7ème type (après 1951)

L’articulation se fait par l’anneau, le millésime 1870 est supprimé et remplacé par une étoile.

QUELQUES ATTRIBUTIONS.

Les périodes de guerre ont toujours créé des occasions exceptionnelles d’attribution pour acte de courage. L’immense hécatombe de la Première Guerre mondiale a entraîné l’attribution de 1.400.000 Médailles Militaire, la plupart à titre posthume. Avec la Seconde Guerre mondiale, 500.000 Médailles Militaires ont été attribuées.

Les généraux et la Médaille Militaire.

De 1852 à 1969, la Médaille Militaire a été conférée à 60 généraux et à 24 maréchaux de France.

Les deux premiers bénéficiaires furent les généraux de division Comte Reille et Comte Vaillant, le 10 mai 1852, puis vinrent 8 généraux de division, le 13 juin de la même année, dont de Castellane, commandant l’Armée de Lyon. Les deux premiers amiraux furent Baudin et Susse, le 7 juillet 1852. On relève ensuite les noms de Canrobert (13-01-1855), Mac-Mahon (17-12-1857), Faidherbe (30-12-1880) Courbet (13-09-1884)

A la période de la 1ère Guerre mondiale, sont décorés les maréchaux de France Galliéni (12-07-1812), Joffre (2-12-1914), Lyautey (15-09-1915) qui tint à être décoré par l’adjudant Caviglioli, Foch (21-12-1916), Pétain (6-08-1918), Franchet d’Espérey (3-10-1918) et Fayolle (21-10-1919).

Les grands chefs de la 2ème Guerre mondiale également décorés de la Médaille Militaire furent, outre Weygand (8-07-1930), Gamelin (31-12-1935) et Georges (26-06-1939) qui la reçurent avant le déclenchement du conflit et Darlan (9-04-1940), les maréchaux de France de Lattre de Tassigny (8-05-1945) au moment de la signature de l’Armistice à Berlin, Juin (7-11-1945), Leclerc de Hauteclocque (6-06-1946), les généraux de Monsabert (7-10-1946), Giraud (2-02-1949), décédé le 11 mars 1949 ( !), Béthouart (27-09-1950), Catroux (4-06-1952), Guillaume (26-06-1957),.

Il convient aussi d’ajouter le général Salan (12-07-1958) commandant en chef en Indochine puis en Algérie et le Maréchal Koenig , héros de Bir-Hakeim, qui reçut sa Médaille Militaire sur le champ de bataille comme aspirant (8-09-1918)

En 2001, aucun général français vivant n’est titulaire de la Médaille Militaire si ce n’est au titre d’ancien sous-officier.

Les femmes et la Médaille Militaire.

De 1852 à 1969, la Médaille Militaire a été conférée à 1342 femmes. Depuis cette date, avec l’augmentation de la proportion des femmes dans l’Armée, la fréquence d’attribution chez elles est sensiblement équivalente à celle de leurs camarades masculins.

Parmi les premières femmes, on relève les noms de cantinières, dont la première fut Madame Rossoni, née Barbé Marie-Jeanne, cantinière aux Zouaves de la Garde ( 17 juin 1859), des ambulancières, des vivandières, des auxiliaires télégraphistes. Par la suite, surtout à partir de 1944, vinrent s’ajouter de nombreuses infirmières, conductrices ambulancières, membres de la Résistance.

Les drapeaux des régiments.

Aucune disposition particulière n’a prévu la concession de la Médaille Militaire à des collectivités. De fait, aucune ville, aucune école, aucune association n’a jamais reçu la Médaille Militaire.

Seules exceptions, les concessions faites à l’occasion de la guerre de 1914 - 1918 aux drapeaux des cinq glorieux régiments déjà décorés de la Croix de la Légion d’Honneur.

Bataillons de Chasseurs à pied (24 février 1918)

3° Régiment de marche de Zouaves (5 juillet 1919)

2° Régiment de marche des Tirailleurs (5 juillet 1919)

Régiment d’Infanterie coloniale du Maroc (5 juillet 1919)

Régiment de marche de la Légion Etrangère (26 août 1919) Aujourd’hui deux drapeaux de la Légion Etrangère portent la Médaille Militaire à leur cravate, celui du 3° R.E.I. héritier du R.M.L.E. et celui de la 13° D.B.L.E.

Des étrangers .

Quelques étrangers ont été décorés de la Médaille Militaire, parmi lesquels on peut citer :

Sa Majesté ALBERT Ier roi des Belges (9 août 1914)

le maréchal FRENCH, Cdt en chef des troupes britanniques (9 février 1915)

le général PERSHING, Cdt en chef de l’armée américaine (15 septembre 1920)

l’amiral Sir CUNNINGHAM, premier lord de la mer (12 février 1946)

Sir WINSTON CHURCHILL, ancien premier ministre de sa Majesté britannique (8 mai 1947)

le général d’armée Dwight EISENHOWER, Commandant supérieur des forces alliées en Europe (19 mai 1952)

le maréchal B. MONTGOMERY comte d’EL ALAMEIN, maréchal de l’armée britannique (9 septembre 1958).

SOURCES :

La Médaille Militaire de Michel MASSIAN chez LAVAUZELLE.

J. HASS, membre de Symboles et Traditions. in Revue la Médaille Militaire.

Général d’Armée Maurice SCHMITT. in Revue la Médaille Militaire.

KEPI BLANC février 2000.

Guide des Ordres, décorations et Médailles Militaires 1814-1963

André SOULEYRIS - ROLLAND chez PREAL.

Le Musée du Souvenir Militaire de Lyon qui présente une très belle collection de Médailles Militaires. 

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