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LA MEDAILLE DE SAINTE HELENE

Mémoire

LA MEDAILLE DE SAINTE HELENE

Vous pourrez dire avec orgueil : Et moi aussi, je faisais partie de cette grande Armée...

Proclamation à l’Armée par Napoléon 1er à Golfe Juan le 1er mai 1815

Les origines

Sous le premier Empire, les sous-officiers, soldats, ainsi que les marins avaient peu de chance, sauf, pour des actions d’éclat, de recevoir la Légion d’Honneur en dépit de leurs nombreuses campagnes et blessures auxquelles ils avaient survécu. Edmond Rostand dans « l’Aiglon », alors que le duc de Reichstadt s’étonnait que le « grognard » Flambeau n’avait pas obtenu cette décoration, faisait dire à juste titre à ce dernier : « Pour l’avoir, il fallait faire bien autre chose ! ».
Des survivants de la Grande Armée s’étaient alors regroupés plus ou moins clandestinement dès la Restauration dans des sociétés d’entraide et avaient créé des médailles non officielles (l’une de ces médailles portait même le nom de Débris de l’Armée Impériale ).


Napoléon III avait une grande admiration pour son oncle et après avoir créé en 1852 la Médaille Militaire alors qu’il était Président de la République, il voulut rendre hommage à tous les militaires français et étrangers survivants des combats dans les rangs de l’armée française entre 1792 et 1815. Par décret du 12 août 1857 il créa la Médaille de Sainte Hélène. [1]

En bronze patiné [2], elle fut l’œuvre d’Albert Barre. Cerclée d’une épaisse couronne de lauriers dont la bélière se rattache à une couronne impériale à huit palmettes ornée d’aigles regardant à droite et surmontée d’un globe avec une croix, son diamètre est de 31mm.
La Monnaie de Paris en fabrique 405.000 exemplaires dont 3 réductions.
L’avers de la médaille comporte le profil lauré [3]de l’Empereur regardant à droite et l’inscription : « NAPOLEON I EMPEREUR ». (Il faut noter une petite ancre placée en travers à la base du cou).
Sur le revers les inscriptions : « CAMPAGNES DE 1792 A 1815 » et « A SES COMPAGNONS DE GLOIRE SA DERNIERE PENSEE Ste HELENE 5 MAI 1821 »

Le ruban large de 38mm de couleur vert empire avec cinq raies verticales de 1,8mm de large rouge framboise et un fin liseré de la même couleur sur les bords. (Ce ruban symbole de vaillance et de gloire fut pérennisé dans celui de la Croix de Guerre 1914-1918).
Pour obtenir cette décoration officielle, les demandeurs devaient prouver qu’ils avaient bien servi dans un régiment lors des campagnes entre 1792 et 1815. Dans le dossier de la demande d’attribution devait obligatoirement figurer un diplôme délivré par la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur certifiant que l’intéressé avait servi pendant cette période.

La médaille était adressée nominativement dans une boîte en carton dont le couvercle recouvert d’un papier blanc glacé portait en relief l’Aigle Impérial et l’inscription :

« Aux compagnons de gloire de Napoléon 1er- Décret du 12 août 1857 »

Le caporal François Fénal de la 8e compagnie du 1er bataillon du 17e régiment d’infanterie de ligne s’était engagé le 5 février 1802 dans ce régiment. Il fut retraité le 4 janvier 1810 avec une solde de retraite définitive de cent soixante dix francs.

Il avait fait les campagnes de 1803 à 1805 sur les côtes de l’océan et de 1805 à 1809 à la Grande Armée. Il fut blessé à Wagram le 8 juillet 1809.
Le certificat de présence au corps ci-dessus a été établi le 26 avril 1808 à Varsovie en Pologne par les membres composant le conseil d’administration du 17e régiment d’infanterie de ligne.
Son frère Alexandre, soldat à la 4e compagnie du 1er bataillon du 46e régiment d’infanterie de ligne était décédé des suites d’une blessure reçue le 5 juin 1807. Il en fut averti par une lettre (ci-dessus) du colonel commandant le régiment en date du 30 janvier 1808.

Les récipiendaires

Un recensement effectué en 1857 avait permis d’établir qu’il y avait eu environ 300.000 anciens soldats français et étrangers encore en vie ayant pu prouver qu’ils avaient fait partie de cette Grande Armée. La même année, le maréchal de Castellane, commandant en chef de l’armée de Lyon reçut la médaille de Sainte Hélène, car lui aussi avait été un des compagnons de Gloire de l’Empereur entre 1804 et 1815.

Tous les dossiers de demande d’attribution de la médaille de Sainte-Hélène ayant été assemblés aux Archives Nationales, ils furent détruits lors des incendies de la Commune en 1871.

La remise de cette décoration se faisait lors d’une cérémonie officielle dont les comptes rendus ont été conservés dans les archives départementales, c’est ce qui a permis d’identifier 183.414 titulaires français. Avant 1871, il faut noter aussi que l’inscription « Médaille de Sainte-Hélène » figurait presque toujours dans les actes de décès officiels de ceux qui avait reçu cette décoration.

En 1869 sur l’ensemble des Français titulaire de cette décoration, il y avait environ 43.000 bénéficiaires d’un secours viager transformé en pension la même année.
Le dernier médaillé français connu aurait été Louis-Victor Baillot décédé le 9 juin 1898 à l’âge de 105 ans.

Bibliographie :

70 ans de phaléristique - Musée de la vie Bourguignonne. Perrin de Puycousin à Dijon.

Guide des ordres, décorations et médailles militaires 1814-1963 par André Souyris-Rolland
Editions Public-Réalisations à Paris.

Quid. Dominique et Michèle Frémy. Edition Robert Laffont.

Napoléon de Jean Lucas-Dubreton. Librairie Larousse à Paris.

Les militaires de Pierre Gouhier. Editions universitaires.

Notes:

[1] Napoléon a été prisonnier de l’Angleterre à Sainte-Hélène (île de l’océan atlantique au sud de l’Afrique) du 5 octobre 1815 au 5 mai 1821, date de sa mort.

[2] C’est à cause de sa couleur bronze patiné que cette décoration fut appelée « médaille en chocolat ».

[3] « Lauré » signifie couronné de laurier. Dans l’antiquité cette plante représentait la gloire.

 

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